Le rêve du magicien
La raison de ce post est qu'un magicien que j'apprécie et qui m'a influencé dans mon parcours est mort en août de cette année. Le nom de ce magicien est Eugene Burger. Sa magie était puissante, car sincère et marquée par son parcours en philosophie et en théologie. Le personnage était impressionnant avec un physique de Merlin l'enchanteur, doublé d'une voix grave et profonde. Pendant ses routines, il parlait de l'univers, des esprits, sollicitait les forces occultes tout en divertissant ses spectateurs. Il avait tenté, à sa manière, de répondre à la question de la sincérité chez le magicien, et de son pouvoir réel, à savoir celui d'agir sur l'imaginaire de l'autre. Il rejoint pour moi dans cette démarche un autre magicien que j'admire tout autant, Jacques Delord, poète-magicien français, lui aussi disparu. Quel succès rencontreraient ces magiciens aujourd'hui ? Leurs carrières seraient certainement bien différentes s'ils avaient à partir de zéro dans notre époque où la finesse d'esprit n'est pas toujours la qualité la plus recherchée. Car au fond, pourquoi faisons-nous tout ça ? Question valant pour tous les arts, mais qui sonne bien différemment avec la magie, discipline où tout semble basé sur le mensonge et le contrôle de la perception de l'autre. En effet, la magie est la seule pratique artistique dont l'artisanat repose initialement sur la duperie, mettant à mal la sincérité de l'exécutant. Comment le magicien s'en sort avec le faux du vrai, ou le vrai du faux, avec le faux tout court ? Que faire du "waouh" des spectateurs, de leur assèchement analytique voulu et contrôlé par le magicien, tandis que ce dernier se dit en son for intérieur que finalement, il les a bien eus ? Telle serait la finalité du magicien contemporain : essayer de bluffer toujours et encore plus pour "se vendre" toujours et encore plus ? D'où ma question, pour le moment sans réponses... Comment élargir la palette émotionnelle du magicien qui se résume le plus souvent à deux constantes ? 1 - le bluff bien orchestré. Et ses dérives vers la malhonnêteté, le contrôle de l'autre, la perversité... 2 - le rire grâce au comique de situation. Et sa dérive vers l'humour où toute forme de spiritualité est exempte. Ainsi, le magicien est en balancement perpétuel entre le moine et le voyou. Malheureusement, le dernier avatar me semble plus en vogue que le premier ! Alors, je voulais partager avec vous ce portrait, réalisé par l'exemplaire Alain Cavalier. Parmi ces huit portraits de femme, celui de l'illusionniste. Cette dame nous offre ici une belle leçon d'humanité et de poésie en sollicitant l'enfant qui sommeille en chacun de nous.
Pour Eugene Burger, voici de quoi vous rassasier !
Salut l'artiste ! Et merci.